Comment réaliser une biopsie d’une adénopathie axillaire
How to perform biopsy of axillary lymphadenopathy
S. Rabiou1, I. Issoufou1, L. Belliraj1, F.Z. Ammor1, M. Abasse2, M. Lakranbi1, Y. Ouadnouni1,3, M. Smahi1,3
1 : Service de Chirurgie Thoracique. CHU Hassan-II, Fès, Maroc
2 : Service de Pneumologie. CHU Hassan-II, Fès, Maroc
3 : Faculté de Médecine et de Pharmacie. Université Sidi-Mohamed-Ben-Allah, Fès, Maroc
Corresponding author
Dr. Sani RABIOU
Service de Chirurgie Thoracique. CHU Hassan-II, Fès, Maroc
E-mail: rabiousani2@yahoo.fr
ABSTRACT
Whereas all the pulmonologists always realize the pleural biopsy, many of them hesitate to do a biopsy of lymphadenopathy at the axillary region. The objective of this article is to explain step by step how to proceed in order to realize this gesture safely and without fear.
KEYWORDS: Biopsy, axillary lymphadenopathy, pulmonology
RÉSUMÉ
Alors que tous pneumologue réalise quotidiennement de biopsie pleurale, nombreux sont ceux qui hésitent à pratiquer une biopsie des adénopathies au niveau de la région axillaire. L’objectif de cet article est donc d’expliquer pas à pas la démarche à suivre afin de réaliser ce geste en toute sécurité et sans appréhension.
MOTS CLES: Biopsie, adénopathie axillaire, pneumologie
INTRODUCTION
Le terme adénopathie désigne une hypertrophie anormale d’un ganglion lymphatique dont la taille est au moins égale à un centimètre. Les adénopathie sont liées: soit à une hyperplasie du tissu lymphoïde au cours de réactions immunes, soit à des réactions d’origine cellulaire diverse (granulocytes, histiocytes) lors de phénomènes inflammatoires aigus ou chroniques, soit au développement d’un clone de cellules lymphoïdes malignes à l’origine des lymphomes, soit à l’accumulation de cellules pathologiques filtrées dans l’adénopathie au cours des métastases des cancers.
L’attitude diagnostique consiste à affirmer l’atteinte ganglionnaire, à procéder à des examens complémentaires simples pouvant conduire au diagnostic ou donner une orientation dans la recherche étiologique. En l’absence de diagnostic à ce stade, l’abord direct du ganglion pourra être envisagé afin d’apporter une étiquette étiologique. Apres un bref rappel d’anatomie de la région axillaire, nous aborderons pas à pas la démarche à suivre afin de réaliser une biopsie axillaire.
ANATOMIE DE LA RÉGION AXILLAIRE
La région axillaire se présente comme une pyramide tronquée, limitée par 4 parois (Figure 1):
Cette cavité axillaire contient:
Les ganglions lymphatiques, répartis en 5 groupes:
INDICATION DE LA BIOPSIE ADÉNOPATHIES AXILLAIRES
Les indications de la biopsie des adénopathies axillaires sont multiples, tant en pathologie inflammatoire que tumorale. En pathologie inflammatoire, l’examen histologique de la biopsie d’une adénopathie de cette région permet le diagnostic différentiel entre des affections cliniquement proches comme la sarcoïdose et la tuberculose par exemple mais aussi éliminer une simple adénite réactionnelle. En pratique, il nous semble important d’obtenir une documentation histologique devant toute adénopathie axillaire dont les autres moyens n’ont pas permis d’aboutir à un diagnostic.
En effet, certaines pathologies nécessitent un traitement au long cours et une surveillance clinique prolongée du fait du risque d’évolution vers une atteinte poly-viscérale mais aussi de leur pronostic. Sur le plan médico-légal, il est important d’avoir une confirmation histologique avant d’entreprendre un traitement spécifique comme les anti bacillaires, indiquée dans la tuberculose ou une corticothérapie dans la sarcoïdose [1,2]. En pathologie tumorale, la biopsie des adénopathie axillaire vise à établir le diagnostic de tumeurs bénignes, de métastases des cancers thoraciques et extra thoraciques, des hémopathies malignes (surtout les lymphome). Dans le cadre de lymphome, la biopsie des ganglions axillaires présente un intérêt non seulement pour établir le diagnostic exact mais aussi dans l’évaluation de la réponse thérapeutique [3].
TECHNIQUE DE BIOPSIE DES ADÉNOPATHIES AXILLAIRE
Les préalables (Figure 2)
L’ensemble du matériel doit être réuni afin d’éviter des surprises. Il s’agit de:
On commence par un repérage de l’adénopathie au moyen d’une palpation digitale, suivi d’une désinfection cutanée, chez un patient couché sur le dos ou légèrement demi-assis, le bras homolatéral est en abduction voire derrière la tête pour mieux exposer le creux axillaire. On installe un champ stérile de préférence troué. L’anesthésie locale se fait à l’aiguille fine et concerne l’ensemble des plans (en insistant sur la peau et le tissus cellulaire sous cutané) par de la Xylocaïne 1 ou 2 %.
Le patient doit être mis en confiance afin de prévenir le malaise vagal.
La technique (Figure 3 - 4 -5- 6 à 7)
La zone à biopsier est maintenue tendue entre les doigts de la main controlatérale à celle qui tient le matériel. Une incision cutanée de 2 cm est réalisée juste en regard de l’adénopathie à prélever. La dissection des différents plans jusqu’au contact du ganglion doit se faire au ciseau type Mayo et au doigts. On met ensuite 2 écarteurs de manière à dilacérer d’avantage les différents plans et à bien exposer l’adénopathie.
La biopsie se fait en utilisant une curette ou carrément une biopsie exérèse sera faite en fonction des indications. Cette biopsie doit permettre de prélever assez de fragment pour une analyse conséquente afin d’optimiser les informations histologiques. Elle ne doit pas donc être très superficielle ni trop profonde du fait des rapports anatomiques avec les éléments vasculo-nerveux à ce niveau.
Une suture est nécessaire, notamment à visée hémostatique, du fait d’un saignement peropératoire souvent abondant. On utilisera de préférence un fil de suture à résorption rapide (Vicryl rapide®) 3.0 ou 2.0 en réalisant des points profond en X qui sont très hémostatique puis on ferme la peau par des simples points transcutané avec un fil non résorbable qui sera retiré après 5–6 jours.
Un pansement modérément compressif est réalisé afin d’éviter le risque d’hématome post opératoire. Le patient doit être surveillé 15–30 minutes après la réalisation de la suture, du fait de la possible survenue d’un saignement secondaire, abondant et parfois impressionnant, d’autant plus qu’il est traité par anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire.
Les soins locaux consisteront, jusqu’au retrait du fil non résorbable, en une antisepsie quotidienne par chlorhexidine aqueuse.
Afin de permettre une bonne interprétation des lésions histologiques par le pathologiste, la demande doit comporter en plus des renseignements cliniques et hypothèses diagnostiques habituels, les caractéristiques opératoires de la biopsie (issu du pus, biopsie exérèse ou simple biopsie). La biopsie doit être de taille suffisante pour permettre une bonne inclusion et éviter la formation d’artéfacts histologiques pouvant aussi être provoqués par un écrasement de la biopsie par la pince. Si le fragment biopsique est habituellement fixé dans les milieux de fixation formolés, une fixation dans des milieux particuliers est parfois nécessaire dans certaines circonstances.
COMPLICATIONS
Les complications de la biopsie axillaires sont rares entre les mains d’un praticien entrainé. Il s’agit des complications d’ordre hémorragie, infectieuse ou un défaut de cicatrisation. La prudence est requise au moment de la dissection pour éviter le risque de blesser des éléments vasculo-nerveux.
CONFLIT D’INTÉRÊTS
Les auteurs ne déclarent pas de conflit d’intérêt.
RÉFÉRENCES
1. Tattevin P, Chapplain JM, Lesprit P et al. Tuberculosis_treatment duration in France : from guidelines to daily prectice Eur J Intern Med 2006 ;17 :427-9.
2. Thomas C, Foulet-Rogé A, Hoppé A. Granulomatose Lymphomatoïde. Rev Mal Respir 2003 ; 20 : 644-9.
3. Chetaille B. Lymphomes médiastinaux. Rev Pneumol clin 2010 ; 66 : 28-31.
FIGURES
RÉFÉRENCES
1. Tattevin P, Chapplain JM, Lesprit P et al. Tuberculosis_treatment duration in France : from guidelines to daily prectice Eur J Intern Med 2006 ;17 :427-9.
2. Thomas C, Foulet-Rogé A, Hoppé A. Granulomatose Lymphomatoïde. Rev Mal Respir 2003 ; 20 : 644-9.
3. Chetaille B. Lymphomes médiastinaux. Rev Pneumol clin 2010 ; 66 : 28-31.
ARTICLE INFO
DOI: 10.12699/jfvp.6.19.2015.9
Conflict of Interest
Non
Date of manuscript receiving
21/3/2015
Date of publication after correction
15/10/2015
Article citation
Rabiou S, Issoufou I, Belliraj L, Ammor F.Z, Abasse M, Lakranbi M, Ouadnouni Y, Smahi M. How to perform biopsy of axillary lymphadenopathy. J Func Vent Pulm 2015;19(6):9-12.