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  • EDITORIAL - JOURNAL OF FUNCTIONAL VENTILATION AND PULMONOLOGY. VOLUME 2 - ISSUE 3. 2011

    Last Updated: 31/08/2018

    Prise en charge des patients atteints du syndrome d’apnées obstructives du sommeil au Viet Nam
    Manegement of patients with obstructive sleep apnea syndrome in Viet Nam
    H. Nguyen Xuan Bich

    Service de Pneumologie. Hôpital Cho Ray. Ho Chi Minh Ville - Viet Nam

    Corresponding author
    Dr Huyen Nguyen Xuan Bich
    Service de Pneumologie - Hôpital Cho Ray. Ho Chi Minh Ville
    E-mail: nx_bichhuyen@yahoo.com

    DOI: 10.12699/jfvp.2.3.2011.7

     

    Le ronflement  a été longtemps considéré comme une banale nuisance « familiale ou sociale ». Mais depuis ces vingt dernières années,  il est devenu un des symptômes principaux  d’une nouvelle pathologie : le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS). Le SAOS est caractérisé par un ronflement, des arrêts respiratoires intermittents pendant le sommeil suivis par de brefs éveils (permettant au patient de reprendre sa respiration). Le sommeil du malade est  ainsi totalement  fragmenté, non réparateur, induisant une hypersomnolence  et un trouble de la vigilance pendant la journée.   Un SAOS non diagnostiqué et de là non traité pourrait  augmenter le risque  de maladies cardiovasculaires,   ainsi que d’autres complications comme les accidents du travail ou de la route.

    Le SAOS est une pathologie grave atteignant 2%-4% de la population caucasienne mais il est encore sous diagnostiqué dans de nombreux pays asiatiques, y compris le Vietnam, faute de moyens diagnostiques. Depuis 2007, avec le  MEDATEC qui est un polysomnographe et CIDELEC, un polygraphe, tous deux donnés par l’AFVP,  ainsi que les  CPAP (dons de l’ADEP Assistance), nous avons  pû diagnostiquer et  traiter le SAOS.

    Dans une étude réalisée à l’hôpital Cho Rẫy (Ho Chi Minh ville) sur 263 participants venant consulter pour ronflements et  sensation d’asphyxie pendant le sommeil, la prévalence du SAOS est de 87,1 %  sans différence  selon le sexe (hommes: 86,4% et femmes: 80,4%).  Ce résultat est différent  de celui des études faites sur les Caucasiens mais une étude conduite chez une population caucasienne limitée  aux sujets avec un IMC < 30 Kg/m2 donne des résultats semblables [1].

    Plus de 50% sont des cas graves (IAH>30/h) et presque 40% des malades ont une pathologie cardiovasculaire associée (hypertension artérielle, arythmie, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde…) ce qui nous fait penser que nos malades sont diagnostiqués à un stade avancé du SAOS. 65% des malades ne sont pas obèses, ce qui est différent des patients caucasiens.  Ce résultat  est semblable à ceux trouvés dans les études effectuées en Inde, Chine et Singapour  [2-4].  Ce fait  suggère qu’ il existe  peut être d’autres facteurs de risque  comme  une  structure crânio-faciale dysmorphique (rétrognathie, voies aériennes postérieures plus étroites, menton plus petit) ou une voie aérienne supérieure comblée (hypertrophie du voile du palais, de la luette ou de la langue) [5, 6]. 

    La triade des symptômes  du SAOS (ronflements, apnée pendant le sommeil rapportée par l’entourage, somnolence diurne) est  présente chez  53,1%  des sujets atteints de SAOS. D’après la cohorte  de la « Sleep Heart  Health Study » qui comporte  plus de 5 000 personnes,  les sujets  rapportant la triade de symptômes précédente ont 3 a 4 fois plus de risque d’avoir un index d’apnées/hypopnées (IAH) supérieur à 15  que ceux qui ne la présentent pas [7]. En  ce qui concerne le traitement,  seulement  30% de nos patients reçoivent un traitement par ventilation nocturne à pression positive continue (PPC), ou chirurgie de la sphère ORL, ou orthèse d’avancée mandibulaire. Pour les autres patients (SAOS léger ou patients refusant le traitement),  nous avons suggéré un traitement symptomatique du ronflement (solution anti-ronflements, coussins anti-ronflements,  exercices  des  muscles  pharyngés) qui ne semble pas efficace.

    La  PPC,  qui est le traitement de référence, est réellement très efficace,  mais seulement  25% des patients ayant une forme sévère de SAOS peuvent y accéder en raison du coût très élevé, non remboursé au Viet Nam. Ce traitement est contraignant, car il est le plus souvent à vie, et doit être mis toutes les nuits. L’observance à la PPC  observée a été > 70%  pour les patients appareillés.

    La chirurgie de la sphère ORL est le traitement le plus facilement accepté par nos patients car elle est remboursée totalement par l’assurance médicale. Au Viet Nam, les chirurgiens réalisent l’uvulopalato-pharyngoplastie, mais pas les opérations visant à augmenter l’espace aérien, situé en arrière de la langue (avancer la mâchoire inférieure ou diminuer le volume de la partie postérieure de la langue). Dans notre étude, l’améloriation des symptômes n’est que de 45 % environ chez les patients sévères. La chirurgie peut éliminer les ronflements mais pas toutes les apnées [8].

    L’orthèse d’avancée mandibulaire, visant à avancer la mandibule par rapport au maxillaire, est indiquée dans les cas modérés et dans les cas sévères qui refusent la PPC. Cette orthèse est portée la nuit et à vie. Elle est fabriquée par un orthodontiste expérimenté et a un prix acceptable avec peu d’effets secondaires (hypersalivation dans la première semaine, rares douleurs articulaires des mâchoires). Elle a été efficace chez plus de 50% de nos patients, comme pour 35% à 75% des autres patients asiatiques [9].

    La prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients atteints de SAOS au Viet Nam reste encore difficile car les patients doivent payer eux-mêmes tous les frais. Dans la population générale, beaucoup de patients ne peuvent donc pas avoir de diagnostic précoce, ni être correctement traités, ce qui peut poser des problèmes de santé publique.

    Nous espérons qu’à l’avenir les Hautes Autorités de l’Assurance Médicale du Vietnam réaliseront que le SAOS non traité est une pathologie potentiellement grave, un véritable enjeu public pouvant altérer la qualité de vie des patients, et accepteront de rem-bourser les frais engagés pour obtenir un diagnostic et une prise en charge thérapeutique adaptée.

     

    Le ronflement  a été longtemps considéré comme une banale nuisance « familiale ou sociale ». Mais depuis ces vingt dernières années,  il est devenu un des symptômes principaux  d’une nouvelle pathologie : le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS). Le SAOS est caractérisé par un ronflement, des arrêts respiratoires intermittents pendant le sommeil suivis par de brefs éveils (permettant au patient de reprendre sa respiration). Le sommeil du malade est  ainsi totalement  fragmenté, non réparateur, induisant une hypersomnolence  et un trouble de la vigilance pendant la journée.   Un SAOS non diagnostiqué et de là non traité pourrait  augmenter le risque  de maladies cardiovasculaires,   ainsi que d’autres complications comme les accidents du travail ou de la route.

    Le SAOS est une pathologie grave atteignant 2%-4% de la population caucasienne mais il est encore sous diagnostiqué dans de nombreux pays asiatiques, y compris le Vietnam, faute de moyens diagnostiques. Depuis 2007, avec le  MEDATEC qui est un polysomnographe et CIDELEC, un polygraphe, tous deux donnés par l’AFVP,  ainsi que les  CPAP (dons de l’ADEP Assistance), nous avons  pû diagnostiquer et  traiter le SAOS.

    Dans une étude réalisée à l’hôpital Cho Rẫy (Ho Chi Minh ville) sur 263 participants venant consulter pour ronflements et  sensation d’asphyxie pendant le sommeil, la prévalence du SAOS est de 87,1 %  sans différence  selon le sexe (hommes: 86,4% et femmes: 80,4%).  Ce résultat est différent  de celui des études faites sur les Caucasiens mais une étude conduite chez une population caucasienne limitée  aux sujets avec un IMC < 30 Kg/m2 donne des résultats semblables [1].

    Plus de 50% sont des cas graves (IAH>30/h) et presque 40% des malades ont une pathologie cardiovasculaire associée (hypertension artérielle, arythmie, insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde…) ce qui nous fait penser que nos malades sont diagnostiqués à un stade avancé du SAOS. 65% des malades ne sont pas obèses, ce qui est différent des patients caucasiens.  Ce résultat  est semblable à ceux trouvés dans les études effectuées en Inde, Chine et Singapour  [2-4].  Ce fait  suggère qu’ il existe  peut être d’autres facteurs de risque  comme  une  structure crânio-faciale dysmorphique (rétrognathie, voies aériennes postérieures plus étroites, menton plus petit) ou une voie aérienne supérieure comblée (hypertrophie du voile du palais, de la luette ou de la langue) [5, 6]. 

    La triade des symptômes  du SAOS (ronflements, apnée pendant le sommeil rapportée par l’entourage, somnolence diurne) est  présente chez  53,1%  des sujets atteints de SAOS. D’après la cohorte  de la « Sleep Heart  Health Study » qui comporte  plus de 5 000 personnes,  les sujets  rapportant la triade de symptômes précédente ont 3 a 4 fois plus de risque d’avoir un index d’apnées/hypopnées (IAH) supérieur à 15  que ceux qui ne la présentent pas [7]. En  ce qui concerne le traitement,  seulement  30% de nos patients reçoivent un traitement par ventilation nocturne à pression positive continue (PPC), ou chirurgie de la sphère ORL, ou orthèse d’avancée mandibulaire. Pour les autres patients (SAOS léger ou patients refusant le traitement),  nous avons suggéré un traitement symptomatique du ronflement (solution anti-ronflements, coussins anti-ronflements,  exercices  des  muscles  pharyngés) qui ne semble pas efficace.

    La  PPC,  qui est le traitement de référence, est réellement très efficace,  mais seulement  25% des patients ayant une forme sévère de SAOS peuvent y accéder en raison du coût très élevé, non remboursé au Viet Nam. Ce traitement est contraignant, car il est le plus souvent à vie, et doit être mis toutes les nuits. L’observance à la PPC  observée a été > 70%  pour les patients appareillés.

    La chirurgie de la sphère ORL est le traitement le plus facilement accepté par nos patients car elle est remboursée totalement par l’assurance médicale. Au Viet Nam, les chirurgiens réalisent l’uvulopalato-pharyngoplastie, mais pas les opérations visant à augmenter l’espace aérien, situé en arrière de la langue (avancer la mâchoire inférieure ou diminuer le volume de la partie postérieure de la langue). Dans notre étude, l’améloriation des symptômes n’est que de 45 % environ chez les patients sévères. La chirurgie peut éliminer les ronflements mais pas toutes les apnées [8].

    L’orthèse d’avancée mandibulaire, visant à avancer la mandibule par rapport au maxillaire, est indiquée dans les cas modérés et dans les cas sévères qui refusent la PPC. Cette orthèse est portée la nuit et à vie. Elle est fabriquée par un orthodontiste expérimenté et a un prix acceptable avec peu d’effets secondaires (hypersalivation dans la première semaine, rares douleurs articulaires des mâchoires). Elle a été efficace chez plus de 50% de nos patients, comme pour 35% à 75% des autres patients asiatiques [9].

    La prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients atteints de SAOS au Viet Nam reste encore difficile car les patients doivent payer eux-mêmes tous les frais. Dans la population générale, beaucoup de patients ne peuvent donc pas avoir de diagnostic précoce, ni être correctement traités, ce qui peut poser des problèmes de santé publique.

    Nous espérons qu’à l’avenir les Hautes Autorités de l’Assurance Médicale du Vietnam réaliseront que le SAOS non traité est une pathologie potentiellement grave, un véritable enjeu public pouvant altérer la qualité de vie des patients, et accepteront de rem-bourser les frais engagés pour obtenir un diagnostic et une prise en charge thérapeutique adaptée.

     CONFLIT D’INTERETS

    Aucun.

    REFERENCES

    1. Netzer NC et al Prevalence of symptoms and risk of sleep apnea in primary care. Chest 2003; 124 (4):1406-14

    2. Uwadia Zarir F Doshi Amita V, Lomkar Sharmila G, Chandrajeet Singh. Prevalence of sleep disordered breathing and sleep apnea in middle aged Urban Indian men. Am J Respir Crit Care Med 2003; 10: 1164.

    3. Bing Lam Mary S., Lawrence Tang C.H ,Lauder Ian J. Toi Yan Jp, MPhil, Wab kit Lam. A community study f sleep disordered breathing in middle-aged Chinese women in Hong Kong. Chest 2004; 125: 127-134.

    4. Ng TP, Seow A, Tan W C . Prevalence of snoring and sleep breathing disordered related disorders in Chinese, Malay and Indian adults in Singapore. Eur Respir J 1998; 12: 198-203.

    5. Lam B, Lam DCL. Obstructive sleep apnea in Asia. Int I Tuberc Lung Dis 2007; 11 (1): 2-11. 

    6. Goldstein R, Shipirer I, Stav D, Askenasty JM. A rank Order evaluation of complaints in patients suspected of sleep apnea symptoms. The Internet Journal of Pulmononary Medicine ISSN:1531-2984.

    7. Young T , Shahar E, Niero HJ, Redline S,. Newman ABGottlieb DJ, Walsleben JA, Finn L. Enright P.Samrt JM. Sleep Heart Health Study Research group Predictors of sleep disordered breathing in community – dwelling adults. The Sleep Heart Health Study Arch Intern Med 2002; 162:893-900.

    8. Eveloff SE. Treatment of obstructive sleep apnea. Chest 2009; 121 (3), 674-677.

    9. Gotsopoulos H, H, Chen, C, Qian, J, et al. Oral appliance therapy improves symptoms in obstructive sleep apnea: a randomized, controlled trial. Am J Respir Crit Care Med 2002; 166:743-748.

     

    ARTICLE INFO

    DOI: 10.12699/jfvp.2.3.2011.7

    Conflict of Interest
    Non

    Date of manuscript receiving
    23/11/2010

    Date of publication after correction
    15/3/2011


    Article citation 
    H. Nguyen Xuan Bich. Manegement of patients with obstructive sleep apnea syndrome in Viet Nam.  J Func Vent Pulm 2011;02(03):7-8.